Ensembleils sont Ă  la tĂȘte d'un commerce de lĂ©gumes issus de leur exploitation. Et une nouvelle n'arrivant jamais seul, le couple va prochainement accueillir leur
ï»żNombre d’écrivains se sont saisis de la figure de Jeanne d’Arc et ont racontĂ© son Ă©popĂ©e. Guillaume Lebrun le fait d’une maniĂšre provocante, ludique et drĂŽle, inventant des modalitĂ©s de rĂ©cit anachroniques et une langue d’une puissance formidable. Insolent en diable, il nous offre un roman historique version fĂ©ministe trĂšs original, qui emporte vraiment. Guillaume Lebrun, Fantaisies guĂ©rillĂšres. Christian Bourgois, 320 p., 20,50 € Fantaisies guĂ©rillĂšres est un oxymore violent non identifiĂ©, entre l’humour potache et le manifeste fĂ©ministe [1]. Le rĂ©cit de l’épopĂ©e de Jeanne d’Arc, revue et corrigĂ©e par Guillaume Lebrun, se partage entre deux narratrices, Yolande d’Aragon, belle-mĂšre du futur Charles VII, et l’une de ses crĂ©atures, Jehanne numĂ©ro douze, celle qui sera promue au rĂŽle de prophĂ©tesse divinement Ă©lue. Jehanne numĂ©ro sept, aspirante chroniqueuse, est chargĂ©e d’inventer la biographie de l’hĂ©roĂŻne, façonnage du boniment Ă  clampins », DomrĂ©my, moutons, enfance pieuse et tout le toutim. Portrait sur bois de Jeanne d’Arc © D. R. Lebrun n’est pas le premier Ă  soupçonner un complot royal derriĂšre l’aventure de la Pucelle. Divers historiens, de Philippe Erlanger Ă  Colette Beaune, l’ont dĂ©jĂ  fait, et orientĂ© les soupçons vers Yolande. Avant mĂȘme Voltaire, Enea Silvio Piccolomini, le pape Pie II, suggĂ©rait que Jeanne Ă©tait le produit d’une ruse de la noblesse française. Autant que cette rĂ©vision de la lĂ©gende, l’originalitĂ© de Lebrun, et l’insolence annoncĂ©e en quatriĂšme de couverture, tiennent au langage de ses narratrices. Toutes deux emploient le mĂȘme sabir moyenĂągeux, inventif, truffĂ© d’argot français et anglais, d’allusions Ă©rudites, de dĂ©tournements grammaticaux, de verlan. Seul le Dauphin se distingue avec un parler d’ado bien d’aujourd’hui. Quand, curieux, on google pournillade », on obtient Il semblerait qu’il n’y ait aucun rĂ©sultat pertinent associĂ© Ă  votre recherche. » Les mots valise n’en sont pas moins Ă©loquents balbouinants », orgieneries d’amour », ou encore ils me pĂ©nispliquaient Ă  qui mieux mieux », qui doit signifier quelque chose comme prendre la peine d’expliquer avec une condescendance toute masculine. Yolande tient les hommes de son entourage pour de parfaits crĂ©tins. Signe majeur de leur bĂȘtise, ce sont des dĂ©traquĂ©s du goupillon, ils croient au bon Dieu et Ă  ses bullshiteries. Elle-mĂȘme n’y a jamais cru, pas plus qu’au Diable. Rien, absolument rien au niveau du dark side », voilĂ  une rĂ©vĂ©lation qui l’emplit d’une joie immense PĂ©chez tant et plus, rien ne se passera ! » Elle ne s’en prive pas. Ce qui ne l’empĂȘche pas d’avoir elle-mĂȘme des hallucinations, Ă  la maniĂšre d’une mystique. Yolande s’est dĂ©jĂ  autoproclamĂ©e devineresse, histoire de se faire respecter par tous ces nutjobs. Les Anglais sont partout et le chaos rĂšgne en France lorsqu’elle prend les choses en main. Elle est du parti des Armagnacs par mariage mais, si l’affaire tourne mal, elle se fera Bourguignonne. Sa gamme de modĂšles fĂ©minins est Ă©clectique, de SĂ©miramis Ă  Christine de Pizan avec un z, please, sa famille vient du village de Pizzano, pas de Pise. Sans Ă©tat d’ñme, elle liquide les deux fils aĂźnĂ©s du roi, puis empoisonne son mari, Louis II d’Anjou, et obtient la rĂ©gence de ses quatre royaumes. Quand Louis III appelle Ă  l’aide sa Mum, elle lui rĂ©pond Sweetheart, nous ne sommes ready nenni ». C’est alors qu’un message du seul vrai Dieu, son MaĂźtre, lors d’une vision apocalyptique, lui inspire la mĂ©thode pour assurer l’avenir de sa progĂ©niture. Depuis des annĂ©es, une Grande ProphĂ©tie annonce que le royaume sera sauvĂ© par une bielle et vaillante et vierge GuĂ©rillĂšre » elle promet Ă  la cour dĂ©semparĂ©e de recruter une quinzaine de jeunes paysannes et de les prĂ©parer dans le plus grand secret Ă  cette mission. Toutes auront nom Jehanne, celle qui survivra et rĂ©coltera la mise sera la plus fĂ©roce. La douziĂšme se signale bientĂŽt comme une tache huileuse, plus souillĂ©e que le trĂŽne de France, le cheveu fol et l’Ɠil louche ». Yolande a beau maltraiter celle qu’elle surnomme Jehanne la Pourcelle, la petite qui en a vu d’autres lui voue une passion sans rĂ©serve, copie des poĂšmes que la reine dĂ©chire sans les regarder, et s’affirme comme la plus apte Ă  la mission projetĂ©e. Le programme d’étude comprend l’enseignement des bielles-lesttres, l’histoire de l’hystĂ©rie religieuse, la simulation de la transe, l’art de la guerre Ă  travers le monde, l’initiation Ă  l’esgorgement, aux arts martiaux et aux tactiques militaires, avec confessions facultatives le samedi, et tous les jours de 12h Ă  13h30, ripailles le dimanche de 12 Ă  17h. Une des Jehanne meurt de la suette, trois ne survivent pas Ă  l’hiver, les villageois Ă©chauffĂ©s par les prĂȘtres de l’Inquisition en tuent d’autres et sont exterminĂ©s en reprĂ©sailles par Jehanne douze qui a revĂȘtu l’armure de Brunehaut. Quand le prĂȘtre-chef d’Inquisitio la supplie de l’épargner, promettant de se convertir Ă  Satan, Jehanne le dĂ©coupe net en six morceaux. Au retour de Chinon, Yolande la dĂ©couvre en train de dĂ©vorer la chair des cadavres fumants. CondamnĂ©e Ă  l’isolement, la numĂ©ro douze devra suivre le chemin de croix du Christ, tout factice soit-il. Des guĂ©rillĂšres dĂ©funtes la visitent dans sa nuit et lui parlent des Autres Mondes. AprĂšs une longue pĂ©nitence, et avec l’aide des trois Jehanne survivantes, qui lui rĂ©pĂštent en douce ce qu’on leur enseigne en classe, la numĂ©ro douze est prĂȘte pour le dĂ©part. La mission a Ă©tĂ© bien prĂ©parĂ©e, tous sur la route vers Chinon sont de connivence, et Jehanne est prĂ©venue que le roi qu’on lui prĂ©sentera sera un leurre, Ă  elle de dĂ©couvrir le vrai. Guillaume Lebrun © Mathieu Rolland AprĂšs quelques concessions Ă  l’histoire conventionnelle, l’entrevue de Chinon, l’épĂ©e de Fierbois, un clin d’Ɠil au sire Pastoureau » qui devrait ajouter un Ăąne Ă  son bestiaire humain, Jehanne marche sur OrlĂ©ans. Seule, car les soldats craintifs l’abandonnent, et guidĂ©e par une Voix qui lui commande d’attaquer. Une horde de fantĂŽmes fĂ©minins la rejoint, le voile des RĂ©alitĂ©s se dĂ©chire le temps d’un Ă©pisode fantasmatique, les Anglais hurlent Ă  la sorcellerie, puis le voile se remet en place. Jehanne n’a pas de mots assez durs pour les Englishes et la curaille d’abbaye ». L’énorme massacre la fait gĂ©mir de plaisir. Yolande craint qu’elle ne se prenne Ă  son propre jeu et verse dans la nutjoberie. OrlĂ©ans dans sa propre vision est le NƓud de la Grande-Jonction, la ClĂ© du Livre des sortilĂšges dissimulĂ© au cƓur du NƓud. Mais tous ceux qui touchent Jehanne basculent avec elle dans le Monde suivant, oĂč Yolande dĂ©couvre qu’elle s’est fourvoyĂ©e, son MaĂźtre n’était qu’un usurpateur de plus, un faux dieu. La petite armĂ©e rĂ©sistante entre en lutte contre le NĂ©ant de la Beste, rejointe par des femmes surgies du Livre gravĂ© sur le corps du mystĂ©rieux Abdul. MĂȘme l’infĂąme Isabeau de BaviĂšre prend place dans leurs rangs. Elles apprendront Ă  voyager dans les interstices des mondes en apprenant Ă  maĂźtriser les pouvoirs dissimulĂ©s en elles. Un combat Ă©pique se dĂ©roule sur plus de vingt pages dans une boucle de temps suspendu, avec toute la boucherie et les effets spĂ©ciaux d’un film gore particuliĂšrement visqueux. De l’Ɠil entaillĂ© du Monstre, des nuĂ©es d’ñmes emprisonnĂ©es depuis des millĂ©naires s’enfuient. Une fois la victoire remportĂ©e, les GuĂ©rillĂšres forment une grande ronde de sororitĂ© », avec accolades, rires, psalmodies dans leurs langues rendues en Babel », et belles promesses de revoyure ». Quant Ă  Jehanne, elle se dĂ©clare Au-dessus du lot genrĂ©, toujours Hautement IrrĂ©cupĂ©rable, Heureuse, Vivante ». Ces amazones plus ou moins cĂ©lĂšbres sont rassemblĂ©es dans un Ă©crit de Yolande, Nouvelles Vies parallĂšles des femmes illustres, reproduit Ă  la fin des Fantaisies guĂ©rillĂšres. Également offert en appendice, le texte des poĂšmes que Jehanne adresse en vain Ă  Yolande, extraits de l’Ɠuvre de la grande troubarde Marie-Claudette de Charlemagne – pour les non-initiĂ©s, CĂ©line Marie Claudette Dion, nĂ©e Ă  Charlemagne, QuĂ©bec. Dernier rebondissement, dernier tour de passe-passe ; Et l’Histoire se remit gentiment en branle. » Sans surprise, Charles VII le cancrelat abandonne Jehanne comme PĂšre abandonne Fils en croix ». Au fait, la Yolande historique ne semble pas non plus avoir levĂ© le petit doigt pour la sauver. C’est Ă  la toute fin que s’éclaire la double signature de la Note en exergue Ă  l’attention des moines copistes Aucune protestation de votre part concernant la vĂ©racitĂ© de ce rĂ©cit ne sera prise en compte. » Le deuxiĂšme roman de Guillaume Lebrun va-t-il confirmer ses dons, trouver de nouvelles cibles Ă  son humour, errer dans les brumes de mondes alternatifs ? On attend la suite avec intĂ©rĂȘt et sympathie. Monique Wittig avait publiĂ©, en 1969, Les GuĂ©rillĂšres chez Minuit.
Bambou Enfin, pour terminer cette liste, voici la brosse en bambou Pandoo. Il s’agit d’une brosse comme les premiĂšres prĂ©sentĂ©es, avec un coussin Ă  air qui permet d’apporter de la souplesse lors du brossage des cheveux. Vous pouvez ainsi brosser des cheveux lisses, frisĂ©s, fins ou

Mais combien y a t-il de bites dans la bouche à Brigitte ? __________________________________ A la fois dur, A la fois mou, C'est bien lui, c'est Durmou !! C'était pas prévisible là a ok ma mÚre s'appelle comme sa Condoléances __________________________________ A la fois dur, A la fois mou, C'est bien lui, c'est Durmou !! Jerry ______________________________________________ Okay, Que dirais tu d'un Monopoly ? Et y'a combien de verges sur le front de Serge ? Victime de harcÚlement en ligne comment réagir ?

Limplantation bien réguliÚre type "palmier" de mini-touffes de cheveux est vite repérable. Il existe sur le marché moult produits miracles anti-chute, vantés dans les magazines par des publicités plus ou moins trompeuses. Faute de fondements scientifiques, les résultats ne sont pas probants. Heureusement, l'état des connaissances
Le Matador 1Mon daron, il m’disait Tu seras un tueur, mon fils. »J’étais mĂŽme et j’avais du mal Ă  entraver. J’me disais Ouais, tueur, c’est un boulot comme un autre, faut s’habituer Ă  la bidoche
 » Ça avait l’air moins naze que cantonnier ou vendeur de frites Ă  McDo. Et un jour, l’a arrĂȘtĂ© de m’dire ça, mon daron. S’est mis Ă  rien m’dire du tout. Jamais. Vu qu’il s’était envolĂ©. Ce jour-lĂ , la mother, dans son joli tablier de cuisine Ă  fleurs, elle avait fait un dĂźner d’anniversaire. J’avais 12 ans. C’était le 17 mai. Ça sentait bon la viande et les lĂ©gumes. Elle sortait du coiffeur et elle avait les cheveux bĂ©tonnĂ©s Ă  la laque, on aurait dit Mireille Mathieu. Elle a mis les belles assiettes qu’elle avait gagnĂ©es avec les tickets Total alors que ma sƓur et moi on regardait Questions Ă  un Trouduc Ă  la tĂ©loche. ­­ ― ... Sofie, Fabien, vous ĂȘtes concentrĂ©s ?La mother, elle adorait l’animateur. Elle le trouvait drĂŽlement sexy » comme mec. Elle regardait d’un Ɠil en touillant son bƓuf dans la gamelle. Le Fabien, il avait des cheveux vachement longs, chacun ses goĂ»ts, et la Sofie, visiblement, elle avait un guignol dans l’tiroir.― Le chrono est dĂ©marrĂ© ! Je suis fait avec le morceau de la jambe du cochon situĂ© au-dessous du genou
― Jambon ! a gueulĂ© la mother en lĂąchant sa cuillĂšre dans la sauce.― Jambonneau ?― Bon rĂ©flexe de Fabien !Elle avait confondu l’dessus et l’dessous. Chez une Coquart, ça la foutait mal. ― On continue. Je suis un met constituĂ© de morceaux de viande bƓuf, veau, mouton et de lĂ©gumes cuits ensemble dans une sauce
― RagoĂ»t ?― Bon rĂ©flexe de Fabien !― Ben mon vieux, c’est c’que j’suis en train d’faire ! qu’elle a fait, ma le mec, il s’y connaissait en bouffe ! Il Ă©tait bon, il s’barrerait avec des biffetons Ă  ras bord des fouilles ! La Sofie, elle avait l’air mal fichue. C’était sĂ»rement Ă  cause de la marmaille qu’elle avait dans l’bide et qu’elle allait larguer d’une minute Ă  l’autre.― Attention Sofie. On continue. Je suis gras ou maigre. Je suis une graisse ferme formant une couche dense dans le tissu sous-cutanĂ© du cochon
― Saindoux ! qu’elle a gueulĂ© la mother en essayant de ravoir sa cuillĂšre avec la louche. Ah, merde, j’me brĂ»le !― Lard ?― Excellent rĂ©flexe de Fabien ! Alors Sofie ?― Oui je
 je l’avais sur le bout de la langue
― Vous aimez la cuisine Sofie ?― Oui
 J’ai surtout une faiblesse, comme on dit, c’est les desserts
― Ah, moi aussi ! Vous m’inviterez ? qu’il a demandĂ© l’beau gosse en cravate en lui faisant un clin d’Ɠil.― Qu’il est coquin ! Je l’adore cet animateur, qu’elle a dit ma mĂšre Ă  genoux sous son huit heures, on a commencĂ© Ă  avoir les crocs. La mother se demandait ce qu’il foutait, le Coquart. D’habitude il rentrait Ă  l’heure de la bouffe et lĂ , on l’guettait, ça faisait trois quarts d’heure. Et comme c’était mon anniversaire, ça la faisait bouillir Ă  mort. Elle a mis sur feu doux et elle est venue avec nous dans la banquette regarder les infos. À la mĂ©tĂ©o, elle s’est levĂ©e d’un bond. Elle a Ă©tĂ© voir Ă  la fenĂȘtre en cognant des claquettes. Je sentais bien qu’sa bonne humeur allait caner vite fait. Et ma mĂšre en rogne, c’était quek’chose. T’avais intĂ©rĂȘt Ă  ĂȘtre sur un autre chemin qu’elle, ça valsait. Les baffes dans la gueule et les godasses dans l’cul. Mon daron, lui, c’était un mollasse comme mec. S’laissait faire. Sa bonne femme qui commandait. Donnait aussi des torgnoles mais dans l’dos, Ă  la vicelarde. De ma daronne, c’est ma frangine qui s’en recevait un max. Et des gratinĂ©es. Elle faisait moins d’conneries qu’moi, elle disait jamais rien mais ça lui tombait quand mĂȘme sur le coin du nez, sans raison. T’ĂȘt’ qu’elle Ă©tait mal aimĂ©e, j’en sais tout cas, ça commençait Ă  faire longuet et la mĂšre Coquart, elle martelait le lino avec ses claquettes Ă  toute allure en disant Merde qu’est-ce qu’y fout ce soir que ça va ĂȘtre cramĂ© mon ragoĂ»t ! » Et le ragoĂ»t, il a cuit, et recuit, et mijotĂ©, et refroidi et s’est gĂ©lifiĂ© dans son jus vu qu’le daron, on l’a attendu jusqu’à minuit sans jamais le voir rentrer. Trisca et moi, on avait nos mains sur les genoux, sans toucher Ă  la tĂ©lĂ©commande. Trouille que la mother, elle s’arrĂȘte de tourner en rond, comme un clĂ©bard qu’essaie de mordre sa queue, et qu’elle nous dĂ©boĂźte la mĂąchoire. Elle Ă©tait barge, faut dire. La colĂšre, l’inquiĂ©tude, la jalousie, tout c’qui lui traversait la tĂȘte, des drames, des beuveries, des coucheries. Elle a insultĂ© son mari dans toute la baraque, truc de malade. À une heure du mat’, elle nous a virĂ©s du salon, direct au berceau. J’avais trois frites qui m’sautaient dans l’bide et ma frangine, un beignet dans les gencives. De ma chambre, j’ai Ă©coutĂ© la mĂšre Coquart causer avec les flics au bigo. SĂ»rement, ça devait ĂȘtre Bourdachon, çui qu’elle connaissait bien vu qu’un jour, j’les avais vus en train de s’rouler des galoches dans une bagnole en face d’Attac. La vieille, malgrĂ© qu’elle Ă©tait bas du cul et forte en cuisses, elle allumait sec, de tout, mĂȘme des flics. Mon daron, il y voyait que dalle. À cause de son boulot. Ou t’ĂȘt’ qu’il s’en foutait ou qu’au lit, il Ă©tait franchement Ă  des annĂ©es lumiĂšres de Georges Clounet. Elle a racontĂ© sa soirĂ©e Ă  Bourdachon qui devait lui baragouiner des dĂ©gueulasseries vu que toutes les dix secondes, elle y disait d’arrĂȘter ses conneries-gros-cochon. Il lui a dit qu’il Ă©tait de garde et qu’il Ă©tait coincĂ© mais que si elle ramenait sa fraise il lui boufferait bien la moule sur le bureau cause que son bonhomme qu’il soille lĂ  ou non c’était qu’une mal-baisĂ©e et que lui Bourdachon c’était un mĂąle un vrai il avait les couilles saturĂ©es et que d’ailleurs il Ă©tait en train de s’les vider dans la Jennifer, la tite stagiaire. Enfin j’imagine qu’il a dit ça vu que Bourdachon, il mettait sa bite dans tout c’qu’il trouvait. Alors elle lui a raccrochĂ© au nez en disant encore gros cochon et elle a fumĂ© des tiges toute la nuit devant la tĂ©loche Ă  mater des documentaires sur les chasseurs d’anguilles et des rediffusions de Navarro. Le lendemain matin, j’ai trouvĂ© ma mĂšre devant les Ă©missions oĂč qu’on gagne des cafetiĂšres. Elle avait la goutte au nez et l’air de celle qu’a sucĂ© aut’chose que d’la glace. Navarro, ça attaque. J’ai fait le dĂšj’, j’ai emmenĂ© Trisca Ă  l’école et j’ai Ă©tĂ© au collĂšge, enfin Ă  cĂŽtĂ© du collĂšge. Les recherches ont commencĂ©. Mon daron, c’était Francis Coquart. Et quand il disait son nom Ă  un Ă©tranger, il indiquait bien Coquart, » Il voulait qu’on sache que bosser Ă  l’abattoir, c’était un truc convenable. Il disait C’est aussi de l’Art, dans un sens. » C’était l’boss de l’abattoir de la ville qui fournissait les trois grandes surfaces de la zone industrielle. L’en Ă©tait fier. Il avait commencĂ© comme videur-fendeur et il Ă©tait montĂ© dans les Ă©chelons. Dans sa tĂȘte, un tueur, c’était un mec au-dessus du lot. C’était noble comme boulot. S’il en voyait un en train d’jouir Ă  tuer une vache, il lui Ă©clatait la gueule. Enfin, c’est c’qu’il disait. Fallait estimer la bĂȘte. Il racontait jamais c’qu’il faisait au boulot. Il m’disait juste, avec son air sĂ©rieux Tu seras tueur mon fils. Ça c’est un job. »Le canard local a annoncĂ© la mystĂ©rieuse fugue de Francis Coquard, directeur de l’abattoir communal
 noyant sa femme Sandrine et ses enfants, Trisca 8 ans et JĂ©rĂ©my 12 ans dans une angoisse terrible
 L’enquĂȘte que mĂšne le lieutenant Bourdachon de la gendarmerie de Saint-Amand ne favorise aucune voie ; suicide, enlĂšvement ? Le silence de cet homme honnĂȘte et sans histoire reste Ă  l’heure actuelle Ă©nigmatique
 Les salariĂ©s de l’abattoir continuent nĂ©anmoins le travail. On se dĂ©brouille, on connaĂźt le boulot » affirme Ben, l’un d’eux, la voix tremblante d’émotion
 L’abattoir a Ă©tĂ© fouillĂ© de fond en comble
 Nous vous donnerons des nouvelles de Francis Coquard dans nos futures Ă©ditions
 » Et en lisant ça, j’me souviens que j’ai souhaitĂ© qu’ce Coquard-lĂ , ça soille quelqu’un d’autre que mon daron. Suite Ă  deux nuits blanches, ma daronne, elle Ă©tait sur les rotules. J’l’avais jamais vue comme ça. Elle avait Ă©changĂ© sa casquette de chef du foyer avec celle de l’angoissĂ©e tendance Alzheimer. Quoi faire, quoi dire, qui alerter, oĂč chercher et comment arrĂȘter ces tremblements Ă  la con ? J’ai dit au toubib de la famille qu’il fallait radiner vite, çui qu’on connaissait et qu’la mother elle connaissait encore mieux qu’nous vu qu’des fois, sans avoir l’air malade, elle avait des rencards avec lui. Faut devancer la maladie » qu’elle disait. Elle avait une tite douleur ici ou lĂ  et il fallait qu’elle aille se faire ausculter. Donc le docteur Gilardin auscultait la mother bien Ă  fond rĂ©guliĂšrement. Quand elle revenait, elle m’donnait toujours un cadeau, jamais Ă  ma frangine, un sac de bombecs ou un magazine de foot, et elle m’disait de garder l’secret, que le daron devait ĂȘtre au courant de rien, vu que les bombecs, c’est mauvais d’en bouffer des tonnes, ça nique les chicots. Donc moi, j’aimais bien le docteur Gilardin. GrĂące Ă  lui, j’avais des caries gratos. Il lui a filĂ© des mĂ©docs et la mĂšre Coquart, ça lui a fait un drĂŽle d’effet. Elle est devenue toute beige et toute verte avec les yeux rouges comme un rat albinos et elle s’est mise Ă  chialer. J’étais mal Ă  l’aise de voir ma mother dans cet Ă©tat. Jamais d’la vie, j’l’avais vue comme ça, j’me demandais c’qu’elle avait. J’y ai demandĂ© si elle voulait que j’dise au docteur Gilardin de venir mais elle m’a dit Non, ce soir, j’veux qu’on m’laisse tranquille » et elle a continuĂ© Ă  chialer. Elle qui m’disait souvent que c’est nul de s’laisser aller, que c’est un truc de gamine. Regarde celle-lĂ  qu’a toujours les larmes aux yeux comme une godiche ! » qu’elle rĂąlait en montrant ma frangine du doigt. Elle nous a donnĂ© l’occasion de nous lĂącher et on a chialĂ© tous ensemble dans la banquette devant un Maigret avec Bruno Cremer, le somnifĂšre de ch’ bahut, je suis devenu JĂ©rĂ©my Coquart. C’est con Ă  dire mais avant l’affaire Coquart, j’étais rien, un chiard au milieu des autres qui venaient s’faire chier Ă  avaler des conneries toute la journĂ©e. Les matons m’caressaient les cheveux avec leur air de faux-cul. J’étais le fils du suicidĂ©, du fugueur ou du cadavre invisible. Dans la cour, c’était assez dur au dĂ©but. Certains mĂŽmes me regardaient de travers. D’autres ont essayĂ© de continuer leurs vannes dĂ©biles genre Coquart, tĂȘte de coq et face de lard ». J’ai fendu quelques gueules et j’ai Ă©tĂ© tranquille. Au bout de trois semaines, rien Ă  foutre qu’ils en avaient, les journalistes, de l’affaire Coquart ». Y avait rien de nouveau dans l’enquĂȘte. Est-ce qu’il Ă©tait vivant ou mort ? Ces mecs-lĂ , il leur faut de quoi Ă©crire, ils inventent rien, leur faut du sang, du cul ou des records du monde. Donc cette affaire, question rentabilitĂ©, c’était naze. La mother, elle en Ă©tait malade, elle bouffait que des mĂ©docs. T’ĂȘt’ qu’elle l’aimait, son Coquart, finalement. Ou alors c’était la honte d’ĂȘtre cocue, veuve ou abandonnĂ©e, ou j’en sais rien. Elle mangeait toujours rien, elle dormait une heure toutes les trois nuits, elle faisait que fumer des Gauloises et siffler du rouge. Ça faisait glisser les gĂ©lules. Ça craignait fort quoi. Elle maigrissait Ă  vue d’Ɠil. Les flics ont arrĂȘtĂ© de chercher au bout de quelques mois. Ça a rien changĂ© Ă  leur boulot de connards. Les flics ruraux, ils font surtout la circulation, les alcootests et la sĂ©cu aux fĂȘtes foraines. Ils traquent le manouche histoire de mettre la main sur trois canards et un autoradio. Feraient mieux de traquer l’ministre. Enfin bref. En fait, Ă  la cambrousse, si les flics s’en allaient, j’en connais, ça les ferait chier d’conduire bourrĂ©s. Avec les flics, ils ont la trique de s’faire serrer, ça les excite, ils s’font des nouveaux itinĂ©raires. Un soir du mois d’avril, au bout d’un an en gros, Bourdachon, il a alertĂ© la mother. Un garde-forestier avait trouvĂ© un cadavre dans le bois de Meillant. Bien sĂ»r, la ressemblance avec Coquart, bof. Il ressemblait Ă  rien, le macchabĂ©e. Il avait fait quatre saisons sous des feuilles et des branches, restait que les godasses et les os. Au cas oĂč, valait mieux faire une analyse. Les flics avaient toujours le cheveu que ma vieille avait trouvĂ© sous le lavabo. Ils y avaient demandĂ© un truc, un sourcil, une rognure d’ongle Ă  donner au labo. Elle avait fourni un cheveu qu’ils avaient glissĂ© dans un sachet en attendant qu’ça serve. MalgrĂ© l’état du cadavre que j’ai jamais vu mais que j’imagine quelle tronche moisie il avait, les toubibs du laboratoire mĂ©dico-lĂ©gal de Bourges, ils ont rĂ©ussi Ă  faire des analyses d’ADN, comme on dit. 48 heures chrono. On a eu les rĂ©sultats. Merde. Nada. La mother, elle s’est mis une biture comme rarement. Des annĂ©es, j’ai vu sa tĂȘte sur des affiches dans les bureaux de l’administration et les salles d’attente des dentistes oĂč j’allais souvent vu qu’ma vieille, au bout de quelques mois Ă  Ă©couter les ragots comme quoi le father, il s’était barrĂ© avec une gonzesse mieux foutue qu’elle, elle a recommencĂ© Ă  m’ramener des bombecs. Sauf que le secret Ă  garder, macache. Les caries, maintenant, il en avait rien Ă  cirer de lĂ  oĂč qu’il je suis devenu autre chose que tueur. T’açon, le boulot, faut s’lever d’bonne heure et moi, j’aime mieux rester au lit. Je bosse au black avec un mec, cool, on fait des chantiers. Quand j’en ai marre, j’arrĂȘte. Carreler des salles de bains, ça fait chier dans l’ensemble. Faut faire ça sans abuser quoi. Moi et l’travail, ça fait deux. J’le dis franchement, j’m’en fous, c’est tout. En foutant rien, je gagne la mĂȘme chose qu’en allant m’emmerder toute la semaine. Et çui qui me dira c’que j’ai Ă  faire, il sera nĂ© dans un siĂšcle. Ma frangine, elle a rĂ©ussi, vu ses antĂ©cĂ©dents. Elle est secrĂ©taire Ă  la mairie. Si ça l’amuse d’avoir le cul Ă©crasĂ© sur une chaise Ă  recevoir des connards qui veulent un acte de naissance, c’est son choix. Elle habite toujours chez sa vieille. Sont toujours collĂ©es, ces est fermĂ©. La bidoche maintenant, elle arrive de l’Est, toute tranchĂ©e, toute noire, y a qu’à la voulait rester lĂ , la vache. Elle meuglait dans sa logette. La faire sortir sur le quai de dĂ©chargement, c’était la croix et la banniĂšre. Y a des bĂȘtes qui sont moins insensibles que d’autres. J’les connais, les vaches. Elles sentent bien qu’y a quelque chose d’anormal dans leur tĂȘte de vache. Ça s’voit Ă  leurs yeux. Mais bon, faut s’magner, si tu t’attendris, c’est mort. J’ai dit Ă  Jiji de s’garer et j’l’ai fait avancer grĂące Ă  l’aiguillon Ă©lectrique. Elle a donnĂ© du sabot dans les barreaux en meuglant et elle est sortie sur le quai jusqu’au couloir de contention. L’a fallu l’aiguillonner encore. Qu’elle rentre dans la cage sans faire d’histoire. Jiji l’a coincĂ©e en fermant la lourde derriĂšre elle et Gus a actionnĂ© le coinceur hydraulique, qu’elle se colle Ă  l’avant, qu’elle mette la tĂȘte dans la mentonniĂšre. Ça lui a relevĂ© l’museau. Elle s’est mise Ă  trembler sur ses cannes. Elle savait ce qu’on voulait d’elle. Elle reniflait l’odeur de la mort. Gus aussi, il tremblait, ça faisait une semaine qu’il Ă©tait embauchĂ©, il tremblait Ă  chaque fois. Je lui ai dit de s’calmer, qu’elle sentirait rien, que ça allait vite. La vache, elle meuglait Ă  fond. Gus a Ă©tĂ© au lavabo, il a saisi sa 8,6 et il en a bu une grande goulĂ©e alors que j’montais sur la galerie au-dessus des cornes.― Gus, faut qu’tu r’gardes sinon tu t’habitueras avait confiance en moi, Gus. On avait l’mĂȘme Ăąge, bientĂŽt la moitiĂ© de la vie. L’était maigrichon, un chouia timide, un Ɠil qui s’barrait vers la sortie. Le jour oĂč il est arrivĂ©, j’y ai tout dit comment qu’on fait, les secteurs et les outils. Le soir, il m’a demandĂ© si j’voulais bien qu’on soille amis. J’ai dit Ouais, bien sĂ»r » et on s’est mis une cuite dans les vestiaires histoire qu’il s’dĂ©tende, lui faire montrer qu’y avait une bonne ambiance, sauf que l’taulier il boit jamais avec nous mais on s’en fout, c’est qu’un taulier et s’il essaie de nous interdire de boire, l’abattoir, il ferme. MĂȘme, ça l’a fait marrer, Gus, j’y ai montrĂ© la carte de la Vache qui rit au-dessus de la cafetiĂšre. Belle et Bonne, la Vache qui rit est la crĂšme de gruyĂšre de luxe ». Et je lui ai dessinĂ© une grosse bite dans la bouche. On s’est marrĂ©s. Donc il s’est forcĂ© Ă  regarder. J’ai saisi le matador comme un braquemart et je l’ai foutu sur ma braguette. J’ai demandĂ© Ă  Gus s’il en avait dĂ©jĂ  vu des comme ça. T’es con ! » qu’il m’a dit en rigolant. Coquart, le taulier, il a quittĂ© le bureau du vĂ©to et il est entrĂ© Ă  c’moment-lĂ .― T’arrĂȘtes tes conneries toi, tu crois qu’y a qu’ça Ă  foutre ?― Ouais, on s’dĂ©tend, que j’ai rĂ©torquĂ©.― Et toi le bigleux, jette ta biĂšre et va bosser, qu’il a dit Ă  Gus. Il lui a arrachĂ© sa biĂšre des mains et il l’a vidĂ©e dans le lavabo, cet enculĂ© ! Franchement, ça s’fait des trucs comme ça ? C’est c’que j’y ai dit.― Ta gueule. Et il s’est tirĂ© en nous disant de nous magner l’cul, que y avait des livraisons et que si on Ă©tait lĂ  Ă  faire les fiottes, ça s’verrait sur le bulletin d’salaire. Gus, il a rien dit. Se faire virer au bout d’une semaine, y avait mis une amorce dans la culasse du matador, j’ai armĂ©, j’ai mis le canon sur le front de la vache, j’ai regardĂ© Gus qu’était tout blanc comme du saindoux et ça a claquĂ©. Elle s’est arrĂȘtĂ©e de meugler net quand la tige lui a trouĂ© l’crĂąne. Le sang est sorti du trou et j’ai enfoncĂ© le cylindre de coton dedans. La garniture de la mort » qu’il a dit, Jiji. Il a ouvert la grande barriĂšre latĂ©rale de la cage et la vache s’est Ă©croulĂ©e sur son flanc.― Tu vois, ça va vite, que j’ai dit Ă  Gus.― Ouais Ă©tait encore sous le choc. Mais il fallait qu’il s’y fasse. Moi aussi, au dĂ©but, ça m’laissait tout blanc. C’est honteux de l’dire ? J’y ai filĂ© ma biĂšre. Jiji a crochetĂ© le jarret arriĂšre gauche de la bĂȘte et l’a fait monter au bout d’la chaĂźne au-dessus de l’évacuation. J’ai dit Ă  Gus Allez, c’est ton tour aujourd’hui » en lui donnant le couteau. J’y ai fait un clin d’Ɠil de confiance, qu’il Ă©tait en train de tĂąter l’terrain et que dans quelques jours, il bosserait comme un chef. Il a bu un gorgeon d’bibine et il a regardĂ© la gorge de la bĂȘte.― Bon alors, je tranche ici, Ben ?― Ouais, tu tranches carrĂ©ment d’une joue Ă  l’autre, on s’en fout, ensuite, la tĂȘte, on la met aux cosmĂ©tiques.― Bon alors, j’y vais, il se fendait la gueule. Il Ă©tait dĂ©jĂ  bourrĂ© Ă  7 heures du mat’. Gus a tranchĂ© la gorge comme il faut. Ça a giclĂ© sur ses bottes et on a laissĂ© la bĂȘte se vider. Ensuite on l’a fait avancer jusqu’à l’arrache-cuir, on lui a sectionnĂ© les trois jarrets qui se balançaient avec la scie circulaire et on lui a tirĂ© sur la chemise de nuit. J’ai fait le casi une ouverture Ă  la scie-thorax et les boyaux sont descendus dans le container. Gus a fait le tri. Les sabots et la tĂȘte dans les wagons n°3 maquillage et bombecs de gamins et les boyaux dans les wagons MRS. Ce qu’y a dans les MRS, c’est brĂ»lĂ© cause que c’est dangereux. Mais vu que c’est l’mĂȘme camion qui vient chercher les MRS et les n°3, moi, j’me demande oĂč ça va, question vache folle. Gus s’est bien dĂ©merdĂ© avec la scie-colonne, il a tranchĂ© la bĂȘte en deux comme s’il avait fait ça toute sa vie, un vrai vĂ©tĂ©ran. Jiji a mis les abats dans le frigo. J’ai accrochĂ© les deux moitiĂ©s Ă  la balance. Le vĂ©to a notĂ© les Ă©lĂ©ments de charge sur son cahier et j’ai fait glisser les 600 kilos de bidoche dans la chambre de stockage, en attente du dĂ©bitage. LĂ -dessus, on s’est rincĂ© les bottes et l’gosier en allant boire un godet dans les vestiaires. Il Ă©tait content, le Gus. Jiji avait son sourire figĂ© comme d’hab. On s’est servi un tit blanc sec dans un grand verre. Gus regardait la carte de Tahiti avec un cul tout noir dessus. C’était une carte d’Oliv, le gars qu’avait bossĂ© ici avant Gus. Un tueur. Il s’était tirĂ© un soir, tout son salaire dans un billet d’avion et il Ă©tait jamais revenu. À c’qu’il dit, il s’fait les couilles en or Gus et moi, on est devenus vraiment comme des frĂšres. Avec les trois autres de la boĂźte, c’était diffĂ©rent. D’abord, on avait des horaires dĂ©calĂ©s et eux, c’qu’ils voulaient, c’était terminer dans un abattoir industriel, lĂ  oĂč on tue huit cents moutons tous les jours de la semaine. Et ils lĂ©chaient le cul Ă  Coquart. Alors j’leur causais mitigĂ©. Ils allaient mĂȘme boire avec lui Ă  la Rotonde, le troquet des les trois, on allait boire chez Fabienne. Le samedi soir, on allait chez DĂ©dĂ©, une boĂźte oĂč on levait des greluches fastoche vu qu’elles Ă©taient lĂ  dans l’intention de s’faire lever, avec les trois quarts des nichons sur le zinc. Y avait des lumiĂšres oranges et bleues et d’la musique. On draguait Ă  mort, ça marchait Ă  chaque fois. Vers minuit, on s’tirait avec chacun une gonzesse sous le bras, en rigolant. Le lundi, c’était bilan dĂ©taillĂ©. Comme on bossait de 6 Ă  13 heures, on s’est habituĂ©s Ă  dĂ©jeuner ensemble sur la table des vestiaires. On bouffait du sauciflard et du clacos avec un verre de rouge, tranquilles, et on allait s’rincer au blanc chez Fabienne. Des fois, vers 3 heures, on allait sortir de la friture au bord de l’Arnon. La belle vie quoi. Jiji balançait sa ligne dans la flotte et il s’endormait recta. Quand j’le rĂ©veillais Ă  7 heures, il ronflait comme un devenu moins marrant quand Coquart s’est mis Ă  faire chier Gus. Il avait dĂ©cidĂ© de lui en faire baver, ce connard. Un matin, j’étais en train d’enfiler ma cotte blanche et Jiji de s’enfiler un canon. Y avait une sale odeur de bidoche avariĂ©e. On s’est demandĂ© c’qui chlinguait comme ça. Dans un abattoir, c’était anormal. Y a une odeur, bien sĂ»r, le sang, la mort, tout c’qu’on veut, mais ça sent la viande fraĂźche. Soudain, y a Gus qui s’met Ă  gueuler comme un cochon et Ă  secouer sa jambe. Y avait un bout de barbaque verte au fond. Sur ce, Coquart arrive en gueulant.― Qu’est-ce que c’est que c’bordel dĂšs le matin ?!Il regarde Gus d’un sale Ɠil. ― C’est toi qui gueules comme ça ? T’es barzingue ou quoi ! Viens voir ici, qu’il lui demande en tournant les talons. Gus vide sa botte dans la corbeille, fourre son maillochon dedans et suit l’taulier jusqu’à la salle de dĂ©bitage.― HĂ©, mollo mon frĂšre, t’es aux ordres ou quoi ? que j’y dis doucement.― J’vais voir ce qu’il veut, Ben, je reviens. L’autre l’attendait avec un couteau Ă  la main, couvert de sang.― C’est quoi cette merde ?― Comment ça ?― Quoi comment ça, chiure de merde ! Tu sais qu’faut nettoyer l’matĂ©riel quand on s’en est servi ?― J’en sais rien moi, j’ai fait que vider hier
― Qu’est-ce tu veux qu’ça m’foute !Coquart lui gueulait dessus, j’ai cru qu’il allait l’égorger. Il a agrafĂ© Gus au colback et lui a mis la lame du couteau sur la gorge. ― Ici, on fait gaffe au matĂ©riel, OK ?― C’est bon, on va nettoyer, qu’j’ai dit en arrivant.― Toi ta gueule ! Vous bossez comme des truies. Ici, les truies, on les tue. OK ?Il avait dit ça calmement, avec un sourire de con qui donne une leçon. Faut dire que j’avais trente kilos d’avance sur lui. Il a montrĂ© Gus du doigt. ― C’est toi qui fais le matador aujourd’hui. Je te regarderai faire du bureau du vĂ©to. T’as intĂ©rĂȘt Ă  faire ça comme il faut. Il s’est tirĂ© en balançant l’couteau sur le banchet, la table oĂč on saigne les agneaux. Il a dit qu’on lui faisait honte. Je savais bien que Gus dĂ©testait le matador. Ça lui faisait froid dans l’dos d’ĂȘtre Ă  vingt centimĂštres de la vache et de voir ses grands yeux ronds affolĂ©s. Mais Coquart avait vraiment les moyens de l’faire chier Ă  mort changement d’horaires, livraisons nocturnes, mutation Ă  l’usine d’équarrissage
 et ça, quand on y a jamais Ă©tĂ©, on sait rien. C’est lĂ  qu’arrivent toutes les bĂȘtes mortes de la rĂ©gion, les fermentĂ©es, les malades, les blessĂ©es qu’ont crevĂ© dans un coin une semaine avant qu’elles sont dĂ©jĂ  toutes grouillantes d’asticots. Dans cette usine, c’est les bottes dans les bloches toute la journĂ©e. Les mecs lĂ -bas, soit ils se barrent au chomdu, soit ils deviennent dingues jusqu’à faire des batailles de boyaux. Le boulot carrĂ©ment dĂ©gueulasse. Les gars, ils se lavent une fois tous les mois. L’odeur est rentrĂ©e dans leur chair. Ce qu’il y a d’avariĂ©, ils le brĂ»lent. Avec le reste, ils font de la farine, de la gĂ©latine ou de la graisse Ă  maquillage. Quand j’vois les gonzesses qui s’tartinent la figure avec un mĂ©lange de vache et de cochon bouillis, vaut mieux leur bĂ©coter les fesses. J’ai vu cet enfoirĂ© d’Coquart qui matait Gus Ă  travers la vitre du bureau alors qu’une bĂȘte entrait dans la cage. Il avait un air de vicelard comme j’avais jamais vu. Il rigolait avec le vĂ©to, ce gros connard en blouse blanche et moustache, un nain, tout mou, on lui aurait cognĂ© dans l’bide, les doigts seraient ressortis dans l’dos. La vache s’est fait relever la tĂȘte dans la mentonniĂšre. Elle Ă©tait calme. Gus est montĂ© sur la galerie. Ses doigts ont commencĂ© Ă  trembler.― Allez, t’en as rien Ă  foutre de c’merdeux, vas-y. Il a saisi le matador et une amorce. Il a tournĂ© l’engin dans tous les sens, il avait comme un trou de mĂ©moire. Il a mis l’amorce entre ses dents, il a essayĂ© d’ouvrir le bloc de culasse. Il s’emmĂȘlait les salsifis, l’frangin, j’avais mal en l’regardant. Jiji caressait le cou d’la vache en lui disant Ça va aller ma belle ».― Qu’est-ce qu’il fout nom de Dieu ?Il a enfin rĂ©ussi Ă  caler l’amorce. ― C’est comme ça, Ben ?― Mais oui, vas-y maintenant. Il a refermĂ© d’un geste sec. Ça s’est rouvert. Il a refermĂ© encore et il m’a regardĂ©. Qu’est-ce qu’il a foutu avec ses doigts ? J’en sais rien. Il a dĂ» en mettre un sur le bouton sans faire attention, ça lui a Ă©clatĂ© dans les mains. Fallait tout recommencer. Les deux enfoirĂ©s lĂ -bas dans leur bocal, on les entendait glousser. Jiji et moi, on n’avait qu’une envie, aller leur dĂ©foncer leurs sales gueules et s’barrer boire un godet. Gus a calĂ© une seconde amorce. Cette fois, ça a marchĂ©. Il a avancĂ© le canon vers le front d’la vache, les yeux Ă  moitiĂ© fermĂ©s et il l’a mis au milieu. Il tremblait des mains, des jambes, des lĂšvres. Il me regardait.― C’est bon lĂ  ? Qu’est-ce que j’fais, Ben ?― Tu tires, bordel ! que j’y ai dit doucement en serrant les cul oui ! Il essayait d’enfoncer le dĂ©clencheur. Il dĂ©tournait sa figure tordue de grimaces.― J’arrive Ă  rien, Ben !― Il est en train de merder, qu’a dit Jiji. Comme un manche, le Gus. Il savait que l’taulier Ă©tait en train de l’mater et ça l’tĂ©tanisait. Les deux enculĂ©s Ă©taient morts de rire.― Magne-toi le cul, bordel ! Tu vas laisser la vache comme ça jusqu’à NoĂ«l ?Gus s’est mis Ă  gĂ©mir et Ă  trembler comme un vieux terrorisĂ© et ça a carrĂ©ment merdĂ©. Le matador a glissĂ© vers l’Ɠil de la bestiole, Gus regardait rien du tout de c’qu’il Ă©tait en train d’faire, il cognait d’la botte sur la galerie et la tige est sortie. L’Ɠil de la bĂȘte a Ă©clatĂ© et elle s’est mise Ă  hurler et Ă  hurler. Jiji, il savait que dire Bordel le con ! » J’ai sautĂ© sur la galerie. Gus gigotait dans tous les sens, il gueulait qu’il voulait faire autre chose que tueur. J’y ai foutu une baffe, ça lui a calmĂ© sa crise, il a lĂąchĂ© le matador. Coquart est arrivĂ© en courant, il a escaladĂ© derriĂšre Gus, il a ramassĂ© l’arme. J’ai Ă©tĂ© obligĂ© de sauter Ă  terre, Ă  trois sur la galerie, c’était dangereux. Coquart a brandi le matador devant la tronche de Gus et il lui a dit d’une voix calme ― Bien. Je vais te montrer comment on fait. La vache hurlait dans sa bave, ses sabots glissaient sur le mĂ©tal de la cage.― Tu tiens une amorce entre les deux doigts, tu la cases ici et tu refermes trĂšs vite, Coquart a serrĂ© Gus Ă  la gorge, il a mis le canon sur son front et il a braillĂ© comme un dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© ― Et tu lui tires dans la gueule, fiotte de merde ! Tu lui dĂ©fonces sa gueule ! OK ! OK ! OK !― OK, c’est bon, qu’j’ai criĂ©.― Comme ça, qu’il a dit en mettant le canon sur le crĂąne de la vache Ă©borgnĂ©e, sans lĂącher Gus du regard. CLAACH !La vache est tombĂ©e. Gus, il s’en est mangĂ© des tonnes comme ça. Jusqu’au jour oĂč Coquart lui a changĂ© ses horaires. Le Gus s’est retrouvĂ© avec les autres cons et lĂ , il en a bavĂ©. Vraiment. Un jour, je l’ai retrouvĂ© chez Fabienne. Il chialait comme un veau dans sa biĂšre. Il avait du mal Ă  dire. ― Ils m’ont mis la main dessus
 m’ont foutu
 ils m’ont
 foutu la gueule dans les boyaux
 z’étaient deux Ă  m’tenir
 j’étouffais
 tu vois ?.. Ă©touffé  m’tenaient la tĂȘte dans les boyaux
 l’autre
 c’t’enculé  Ă  deux qu’ils m’tenaient
 rien fait
 l’autre salaud de taulier
 l’était derriĂšre
 l’avait le matador
 il m’a
 baissĂ© le froc
 j’avais la trouille qu’il tire
Le lendemain, je suis entrĂ© dans le bureau Ă  Coquart. ― Faudrait que Gus, il revienne aux horaires du matin.― Comment ?― Gus, ça serait mieux qu’il soille du matin.― Ah ouais ?― Ouais. Coquart s’est levĂ© et s’est avancĂ© vers moi.― Y a un truc qui dĂ©conne ?― Non. Je dis seulement que Gus, il va revenir bosser le matin. C’est tout.― Et c’est toi qu’as dĂ©cidĂ© ça tout seul ?― Ouais.― T’as envie de dĂ©fendre ta jolie fiotte ?J’ai serrĂ© Coquart Ă  la gorge, je l’ai soulevĂ© et je l’ai collĂ© au mur.― Écoute sac Ă  merde. DorĂ©navant, Gus travaille avec moi. Et si tu t’avises de lui faire une crasse, je te fais bouffer tes couilles. OK ?J’ai serrĂ© jusqu’à ce qu’il devienne tout rouge. Il a commencĂ© Ă  tirer la langue. Je l’ai laissĂ© tomber avant qu’il tourne de l’Ɠil. Il nous a lĂąchĂ© les baskets un bon moment. Il s’la bouclait, le taulier. On bossait normal, cool comme on dit. On bouffait Ă  midi car ça l’faisait chier, on se cuitait comme il faut, on faisait l’mĂ©nage en zigzag et on finissait chez Fabienne. Gus m’a remerciĂ© tous les jours de lui avoir sauvĂ© la vie. Il avait la rage. Il regardait Coquart avec une sale envie de lui dĂ©foncer la face. L’autre salaud, il disait rien, il souriait, il chuchotait dans l’oreille du vĂ©to, on aurait dit qu’ils manigançaient un truc mais bon, rien. J’ai initiĂ© Gus au dĂ©bitage des cochons. Tailler des morceaux, Gus disait que c’était le moins chiant. Because la bĂȘte a Ă©tĂ© saignĂ©e, vidĂ©e et qu’elle a refroidi ; l’odeur de mort et le regard creux l’ont quittĂ©e. La lame du couteau glisse bien entre les cĂŽtes. Il suffit de faire les morceaux et d’les distribuer dans les caisses de a Ă©tĂ© tranquilles une bonne dizaine de jours. Jusqu’à ce fameux vendredi, le 17 mai dernier. Ça fait six mois maintenant. Il faisait une chaleur Ă  crever. On avait tuĂ© cinq cochons en trois heures. Gus Ă©tait mort. Jiji et moi, on tenait mieux la distance mais on s’était biturĂ©s la veille au soir et j’avais lĂ©gĂšrement mal aux cheveux. Avant de faire le mĂ©nage, on a Ă©tĂ© bouffer. Jiji, qu’était au radar, faut bien l’dire, il a emmenĂ© son casse-dalle et il s’est barrĂ© chez Fabienne. Avec Gus, on s’est grignotĂ© des restes et sifflĂ© une bouteille de rouge. J’y ai dit que l’soir, s’il voulait bien, on irait s’dĂ©tendre chez DĂ©dĂ©. Il Ă©tait d’accord. Vers midi et demie, on a fait l’mĂ©nage en vitesse, rien Ă  foutre. J’ai arrosĂ© et raclĂ© le sol en songeant Ă  la tite greluche que j’allais caresser l’soir. Gus a frottĂ© l’banchet et nettoyĂ© les outils avec sa greluche Ă  lui. On en avait ras-le-cul d’la semaine. Quand y a la canicule, c’est crevant. Les bĂȘtes suent en attendant dans les logettes, ça sent le sang et le reste, galĂšre. Le mĂ©nage fini, on a Ă©tĂ© se changer dans les vestiaires en longeant le bureau du vĂ©to. Ce Coquart de mes couilles, il Ă©tait tout seul sur ses livres de calcul, il nous a matĂ©s comme si qu’il nous en voulait qu’on s’barre en week-end. J’me suis foutu d’sa gueule, gentiment, juste assez, avec un signe de tĂȘte, un clin d’Ɠil. J’en avais rien Ă  foutre. Finalement, le vrai taulier, le boss des abattoirs communaux, c’était le maire. C’est lui qu’embauchait. Coquart, c’était qu’un salariĂ© qui jouait au dirlo, un merdeux. Je buvais un godet en attendant Gus qu’était en train de chercher son futal dans son casier. Il Ă©tait en slibard, dos Ă  l’entrĂ©e. J’ai vu la lourde s’ouvrir. Coquart Ă©tait lĂ , debout, avec son sourire dĂ©gueulasse. Il tenait un grand seau de sang de cochon Ă  la main.― HĂ©, la fiotte ! Je voulais te souhaiter un bon week-end. Gus s’est retournĂ©, Hein ? », et il a reçu dix litres de sang dans la tronche. Il est quasiment tombĂ© dans son casier en suffoquant. Il essayait de s’essuyer les yeux mais il en Ă©tait tellement barbouillĂ© qu’il y voyait que dalle. Coquart Ă©tait mort de rire. J’ai regardĂ© Gus tout rouge de la tĂȘte aux chevilles, dĂ©goulinant de cette dĂ©gueulasserie visqueuse. Il a gueulĂ© un cri aigu et il a foncĂ© tĂȘte baissĂ©e dans l’bide Ă  Coquart. Comme un bĂ©lier Ă  deux tĂȘtes, ils ont dĂ©foncĂ© la lourde d’entrĂ©e et ils ont roulĂ© sur le bitume de la cour, accrochĂ©s l’un Ă  l’autre. Gus lui a cognĂ© dessus de toutes ses forces, ses mandales lui ont mis la gueule en sang. Il l’a relevĂ© et l’a balancĂ© dans les vestiaires. Coquart s’est affalĂ© la gueule dans la flaque rouge. J’suis montĂ© sur ma chaise. Faut dire que les vestiaires faisaient trois mĂštres sur deux et Gus Ă©tait tellement dans tous ses Ă©tats qu’il cognait dans tous les sens en hurlant. J’voulais rien me recevoir dans la tronche. J’y ai gueulĂ© de s’arrĂȘter, que c’était bon, qu’il Ă©tait sur le carreau. Mais Gus entendait rien. Il lui a fracassĂ© la tĂȘte sur le sol jusqu’à ce qu’elle Ă©clate et d’une main au col et de l’autre Ă  la ceinture, il l’a soulevĂ© et il a enfoncĂ© tous les casiers mĂ©talliques avec le crĂąne. Quand tout a Ă©tĂ© bousillĂ©, il l’a lĂąchĂ©, flasque. Coquart Ă©tait dans son jus, la gueule en miettes. Gus soufflait comme un bƓuf. Il m’a regardĂ© d’un Ɠil de dingue. Je suis descendu de la chaise. J’ai rien fait sinon je serais mort aussi.― Qu’est-ce t’as fait, lĂ  ? qu’j’ai dit tout doucement avec un air gentil.― Hein ?― Bordel, tu l’as butĂ© ?― Comment ?― Oh nom de Dieu !Gus Ă©tait immobile, les bras ballants, avec l’air con du mec qui vient d’faire une grosse connerie. Moi, je tenais ma tĂȘte Ă  deux mains et j’ai tout d’suite vu la flicaille et la taule et qu’on Ă©tait tous les deux dans la mĂȘme merde et
― Qu’est-ce qu’on va faire ?― Hein ?― Bordel, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?!Gus disait rien. ― Tu l’as butĂ©, bordel ! J’y ai filĂ© une baffe. Qu’il s’rĂ©veille. Je l’ai secouĂ©, ça m’a foutu du sang sur mes fringues.― Oh ! Tu m’écoutes lĂ  ? Tu m’écoutes ? Tu crois que j’vais aller en taule avec toi ? Alors qu’est-ce qu’on fait maintenant ?― Hein ?― Bon. Bordel
 Attends, faut s’calmer, lĂ . Faut s’calmer. Fous ton cul sur la chaise et arrĂȘte de trembler. Faut rĂ©flĂ©chir. Faut bien rĂ©flĂ©chir, OK ?― OK.― Bon. On est restĂ©s cinq minutes sans rien dire. Ça marchait Ă  deux mille Ă  l’heure dans ma tĂȘte.― D’abord, les flics, s’ils tombent sur ce merdier
 Bon. Donc, faut nettoyer nickel. OK ?― OK.― Tiens-lui les chevilles. Oh ! Qu’est-ce tu fous, lĂ  ? Aide-moi bordel !On a emmenĂ© Coquart sur le banchet. ― Je te dis ce qu’on va faire. Tu m’écoutes ? Oh ! Tu m’écoutes ?― Ouais.― Alors. Écoute bien. On va tout nettoyer, tu vois ? On va tout nettoyer, ni vu ni connu, OK ?Gus s’est mis Ă  chialer. Je l’ai baffĂ© encore. ― Tu te calmes, d’accord ? C’est toi qui l’as butĂ© cet enculĂ©, alors tu te calmes sinon j’me casse !― 
― Et t’arrĂȘte de m’regarder avec tes yeux de malade ! Aide-moi Ă  lui retirer ses fringues. Gus a jetĂ© les fringues Ă  Coquart dans une bassine et il a tout fait cramer Ă  la jumelle. Moi, j’ai tranchĂ© les mains, les mollets et ce qui restait de la tĂȘte. Gus a Ă©teint le chalumeau et il a Ă©tĂ© enfouir c’que j’venais d’dĂ©biter sous les boyaux des bĂȘtes dans les wagons MRS. Ça irait dans l’incinĂ©rateur le lendemain. J’ai ouvert le taulier en deux et je l’ai vidĂ©. Gus me tournait l’dos. Ça m’a fait une sensation bizarre de tailler dans d’l’humain. J’me suis dit que la viande d’humain ressemble Ă  celle du cochon. Avant de commencer Ă  faire des morceaux, j’ai bien soufflĂ© deux trois fois. Je devais aller vite, sans rĂ©flĂ©chir. Fallait le dĂ©biter et s’arracher. En une heure, Coquart a Ă©tĂ© taillĂ© comme un cochon, en cĂŽtes, en grillades, en jarrets, en filets mignons, en morceaux que j’ai distribuĂ©s dans les caisses de livraison. Fallait que ça soit lourd exactement comme avant, alors j’ai enlevĂ© l’équivalent en viande de cochon qu’on a mis dans des sacs et qu’on a emmenĂ© chez nous. On est restĂ©s une minute devant la viande Ă  Coquart dans les caisses. Qui aurait dit que la bidoche des cochons qu’on avait zigouillĂ©s le matin Ă©tait bizarre ? Nada. Cette bidoche-lĂ , elle a Ă©tĂ© livrĂ©e le lendemain matin Ă  IntermarchĂ©. J’ai vidĂ© les cendres des fringues dans l’égout et j’ai tout fait glisser au jet d’eau. Gus me suivait comme un chien sans collier. On a tout nettoyĂ© Ă  fond, la salle de dĂ©bitage, les vestiaires, les casiers, le sol, les bottes, tout. C’était nickel Ă  la fin. J’avais les j’tons d’avoir oubliĂ© un truc. J’ai Ă©tĂ© dans l’bureau Ă  Coquart. J’ai fauchĂ© sa veste, son larfeuille, son bigo, ses Marlboro, son briquet jaune sans rien toucher d’autre, Ă  cause des indices. J’ai tout fait cramer dans la bassine. Nos fringues tĂąchĂ©es, on les a ramenĂ©es dans nos sacs, direction la machine. J’ai tout bien vĂ©rifiĂ© et on s’est tirĂ©s. On a Ă©tĂ© chez Gus. Il s’est douchĂ©, il a fait une lessive, il a mis son sac de bidoche dans le frigo et on a Ă©tĂ© chez moi. J’ai fait la mĂȘme chose. Ensuite, on a emballĂ© nos gaules et on est s’est installĂ©s au mĂȘme endroit que d’habitude, sur le bord de l’Arnon. On Ă©vitait de s’regarder. J’ai accrochĂ© un asticot Ă  l’hameçon et j’ai jetĂ© la ligne Ă  l’eau. J’étais Ă  l’ombre, mon cƓur battait doucement. Il faisait quand mĂȘme une chaleur Ă  crever, les gens Ă©taient dans les maisons, au frais. Y avait juste un chat au bord de la riviĂšre. Il regardait les feuilles flotter. J’ai jetĂ© les clĂ©s Ă  Coquart dans la flotte, lĂ  oĂč qu’on voit rien, bien dans le fond d’la vase. Les retrouver ? Dans un siĂšcle ou deux ! On s’est rien dit jusqu’au soir. Ça voulait dire qu’on dirait jamais rien de c’t’histoire. lendemain, on est arrivĂ©s Ă  l’abattoir, comme si de rien n’était. Jiji Ă©tait dans les vestiaires en train d’enfiler ses bottes.― HĂ© les gars, regardez c’que j’ai ramenĂ© ! D’la vraie goutte de contrebande ! J’ai un ami qu’a un alambic non dĂ©clarĂ© dans sa cave. ― C’est qui ? que j’demande.― Un ami. On s’en jette un ? C’était avec joie malgrĂ© qu’il Ă©tait six heures du mat’. On avait mal dormi. On Ă©tait dĂ©jĂ  un brin torchĂ©s quand on s’est mis au boulot et ça nous a aidĂ©s, Gus et moi. Le vĂ©to est arrivĂ©. Il nous a demandĂ© si on avait vu l’chef. J’ai dit non. Jiji a dĂ©connĂ© toute la matinĂ©e avec une tĂȘte de vache qu’il se mettait devant la figure en criant Toro ! Toro ! » Gus, il avait du mal Ă  Mange ta viande, qu’elle m’a dit, la mother. Ça faisait deux jours que l’daron s’était Ă©vanoui dans la nature. La vieille, elle mangeait rien. Elle fumait et buvait ses canons d’rouge en nous regardant. Trisca, elle la mettait en veilleuse. Elle avait la trouille de s’recevoir une beigne.― Mange ta viande que j’te dis ! Et toi aussi bougre d’andouille ! J’ai Ă©tĂ© l’acheter aujourd’hui Ă  IntermarchĂ©. Si vous croyez qu’elle va aller aux Ă©boueurs ! ― Et toi, qu’est-ce tu manges ? que j’dis.― Rien du tout. Mange ta nouvelles se faisaient attendre mais les recherches venaient que d’commencer. Trisca, elle se servait de son couteau comme d’un tournevis. La mother l’a aidĂ©e et moi, elle m’a laissĂ© manger avec les doigts. J’ai grignotĂ© ma cĂŽte en regardant les infos. C’était le journal rĂ©gional qu’annonçait l’affaire Coquart. Y avait Bourdachon qui causait au journaliste. Il disait qu’y avait aucun indice Ă  l’heure actuelle mais qu’il souhaitait donner des nouvelles de Francis Coquart trĂšs bientĂŽt. Ça s’voyait qu’il en avait rien Ă  cirer. Ma viande, elle Ă©tait rose mais j’ai rien dit Ă  la vieille, elle se serait vexĂ©e. À la maison, la viande, c’était sacrĂ© car elle venait d’abord de chez Coquart. Toute la ville mangeait de la viande Coquart. Alors les difficiles, ils avaient qu’à aller au McDo. La bidoche qui sortait de l’abattoir, elle avait rien Ă  voir avec celle de la cantine qu’avait toujours le mĂȘme goĂ»t et qu’on avait du mal Ă  trancher avec nos couteaux mĂšre, elle savait bien faire la bouffe. Ce soir-lĂ , vite fait sur le gaz, elle nous a fait frire des allumettes. Ça va bien avec la cĂŽte, les allumettes. Mais y avait quek’chose d’inhabituel. Monsieur Coquart, il Ă©tait toujours dehors et question ambiance, c’était moins carnaval qu’enterrement. On a mangĂ© en silence devant la tĂ©lĂ© et on a Ă©tĂ© s’ oubliĂ© d’me brosser les dents. Le goĂ»t de la viande m’est restĂ© dans la bouche jusqu’à c’que je m’endorme. Du mĂȘme auteurRomans GĂ©omĂ©trie variable », Fayard, 2006. RĂ©gime sec », Fayard, 2008. La France Tranquille », Fayard, 2011. Dernier DĂ©sir », Fayard, 2014, livre de Poche, 2016."Accidents", PhĂ©bus, d’artiste ProtĂ©geons les hĂ©rissons », monologues, en coll. avec Damien Daufresne photographies, La Diseuse, 2007. Théùtre Un nuage gorgĂ© de pluie ou les dĂ©buts difficiles de Django Reinhardt », in Musiciens en scĂšne de Mozart Ă  Gershwin, Retz, 2000. Baguettes et chapeaux pointus », Cache-cache voyelles » et Draculotte et les Charlottes », in PiĂšces poĂ©tiques, Retz, 2002. Ariane ou Naxos-ElĂ©gie », Editions Collodion, Un Festin Nu », Editions Tarabuste, Manger M’Alice », Ska Ă©diteur, 2013 Ă©ditions numĂ©riques ProtĂ©geons les hĂ©rissons », Editions Antidata réédition, 2014. RestaurantsLe Jardin Barbecue ArgelĂšs-sur-Mer. DĂ©couvrez le numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone, les avis clients (100), l'adresse, les horaires d'ouverture et les photos du restaurants. Une Ă©tude publiĂ©e dans la revue Science rĂ©vĂšle que les Babyloniens avaient trouvĂ© un moyen de calculer les mouvements de Jupiter, ceci en utilisant la gĂ©omĂ©trie. Si la dĂ©couverte se confirme, ils auraient Ă©tĂ© les premiers Ă  effectuer ces calculs, prĂ©cĂ©dant les EuropĂ©ens de ans. Cette tablette n'a l'air de rien et pourtant, elle pourrait réécrire l'histoire des mathĂ©matiques et mĂȘme de l'astronomie. Si l'on pensait depuis longtemps que les scientifiques europĂ©ens Ă©taient les premiers Ă  avoir utilisĂ© une technique gĂ©omĂ©trique pour Ă©tudier les astres, ce serait une erreur, selon une nouvelle travaux publiĂ©s dans l'illustre revue Science, suggĂšre que les Babyloniens auraient devancĂ© les EuropĂ©ens de prĂšs de ans. C'est Mathieu Ossendrijver, un professeur en histoire des sciences de l'UniversitĂ© Humboldt de Berlin, qui est Ă  l'origine de cette thĂ©orie. Selon elle, ce peuple antique aurait dĂ©veloppĂ© un systĂšme ingĂ©nieux pour Ă©tudier les mouvements de Jupiter entre 350 et 50 avant connaissances gĂ©omĂ©triques, prĂ©mices de l'astronomiePour en arriver lĂ , le professeur a Ă©tudiĂ© des tablettes d'argile prĂ©sentes au British Museum depuis le 19e siĂšcle. Cela faisait des dĂ©cennies que ces objets intriguaient les historiens car ils prĂ©sentaient des calculs que personne ne parvenait Ă  dĂ©chiffrer au vu des connaissances sur les Babyloniens. Toutefois, les spĂ©cialistes pressentaient qu'elles traitaient de puzzle ne s'est assemblĂ© que rĂ©cemment quand un collĂšgue de l'historien allemand lui a envoyĂ© des photos d'une tablette qu'il n'avait jamais vue, Ă©galement prĂ©sente au British Museum. En argile sombre, elle prĂ©sentait des caractĂšres cunĂ©iformes assez grossiers. "A dire vrai, cette tablette prĂ©sente une vilaine Ă©criture. C'est inclinĂ© comme si cela avait Ă©tĂ© Ă©crit trĂšs vite. C'est trĂšs abrĂ©gĂ©", a expliquĂ© Ossendrijver repris par LiveScience. MalgrĂ© cela, elle a permis Ă  l'historien de faire le lien avec les autres tablettes et dĂ©chiffrer le tout. Selon lui, elle dĂ©montre que les Babyloniens utilisaient non pas des concepts arithmĂ©tiques pour Ă©tudier les astres mais une technique gĂ©omĂ©trique. Plus prĂ©cisĂ©ment, la derniĂšre tablette reprĂ©senterait la vitesse Ă  laquelle Jupiter bouge dans l'espace sur une pĂ©riode de 60 jours. Mathieu Ossendrijver pense que la ligne horizontale reprĂ©sente le temps alors que la ligne verticale reprĂ©sente la vitesse. La ligne du haut, quant Ă  elle, montre comment la vitesse de Jupiter rĂ©duit avec le temps. En rĂ©alitĂ©, la planĂšte n'est mĂȘme pas mentionnĂ©e dans cette tablette, c'est en recoupant avec les autres que l'historien en est arrivĂ© Ă  cette dĂ©couverte qui change l'histoire de l'astronomie"Ça semble infime pour un profane mais cette gĂ©omĂ©trie est d'un type trĂšs particulier que l'on ne trouve pas ailleurs, par exemple, dans l'astronomie grecque antique", a prĂ©cisĂ© Ossendrijver. "C'est une application en astronomie qui Ă©tait totalement nouvelle. Jusqu'ici tout le monde pensait que les Babyloniens n'utilisaient que des chiffres dans leurs calculs". Avec cette dĂ©couverte, l'historien de Berlin met donc Ă©galement Ă  mal les certitudes europĂ©ennes. Longtemps, ce principe a en effet Ă©tĂ© attribuĂ© aux acadĂ©miciens d'Oxford qui, au 14Ăšme siĂšcle, utilisaient de façon plus Ă©toffĂ©e cette mĂȘme technique. Mais le savoir dĂ©veloppĂ© par les Babyloniens n'aurait pas qu'une origine scientifique mais aussi religieuse. Le dieu suprĂȘme de Babylone Ă©tait le dieu Marduk, souvent reprĂ©sentĂ© par la planĂšte Jupiter. Ainsi, l'astronomie allait bien au-delĂ  de la simple Ă©tude des astres pour ce peuple. "On pensait que si vous pouviez prĂ©dire le mouvement de Jupiter, vous pouviez aussi prĂ©dire le prix du grain, le temps ou le niveau du fleuve Euphrate", a prĂ©cisĂ© Ossendrijver. C'est Ă©galement Ă  cette Ă©poque que sont nĂ©s le zodiaque et l'astrologie. Mardi AzalaĂŻs mettait dans son blog un charmant petit texte plein d'humour dans lequel il Ă©tait question du dernier cheveu de la tĂȘte Ă  Mathieu. Une chose en entraĂźnant une autre, et aprĂšs recherche sur internet j'ai retrouvĂ© la chanson Ă©difiante de Michel Polnareff du cheveu de Mathieu et de la dent de Jean.
Vouspouvez mĂ©langer le dĂ©colorant Ă  du shampoing et laisser poser le tout 5 Ă  10 minutes sur vos cheveux, cela ne va pas les dĂ©colorer mais simplement ouvrir les Ă©cailles du cheveu et peut-ĂȘtre les Ă©claircir un tout petit peu, juste assez pour permettre Ă  la coloration d’accrocher et de se voir un peu.
\n y a qu un cheveu sur la tĂȘte Ă  mathieu
21fĂ©vr. 2017 - Explorez le tableau « y a qu'un cheveu sur la tĂȘte Ă  Mathieu. ♫♫â™Șâ™Ș » de hocus pocus, auquel 795 utilisateurs de Pinterest sont abonnĂ©s. Voir plus d'idĂ©es sur le thĂšme cheveux, mathieu, coiffures japonaises. Pinterest. Esplora. Se sono disponibili i risultati del completamento automatico, utilizza i tasti freccia in su e freccia in giĂč per consultarli e Invio
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